La philanthropie se compose principalement de deux courants, celui des fondations et celui des particuliers.
« On distingue une fondation privée qui est une fondation dont la dotation provient de la fortune d’un individu ou d’un groupe d’individus, d’une fondation d’entreprise qui est une fondation dont la stratégie et les priorités sont étroitement liées aux intérêts de l’entreprise qui la finance. » La vie des idées
Son importance financière est considérable, à celle-ci s’ajoute le bénévolat et le volontariat qu’elle suscite. En collaboration avec les politiques des États, la philanthropie renforce les actions des États et supplée à leurs carences. D’utilité sociale, elle participe au lien social. Elle sauve des vies. Elle intervient aussi bien localement qu’à l’international en vue d’améliorer le bien-être des populations. Elle accompagne, entre autres, les programmes de santé (vaccination, nutrition…), de planning familial, d’éducation, de mécénat culturel et scientifique, de préservation de l’environnement, de diversité des espèces, du climat. Elle favorise les actions pour les droits de l’homme, la justice et la protection sociale, la défense des droits des minorités ainsi que la démocratie. Elle finance des programmes de recherche et noue des partenariats avec les représentants des gouvernements, du secteur privé et de la société civile.
« Vores vision er at fremme menneskers sundhed og samfundets og planetens bæredygtighed »
novo nordisk fonden
Ses ressources financières et les nombreux secteurs de la société auxquels elle s’applique ne sont pas sans incidence sur l’économie et la politique des États sans compter les détournements et les dévoiements toujours possibles. Les États dont les ressources sont insuffisantes y perçoivent l’intérêt qu’ils peuvent en retirer au risque de provoquer le désinvestissement de ceux-ci dans leurs politiques publiques. On peut dès lors se demander de quelle légitimité ces fondations et ces philanthropes sont investis pour jouer un rôle politique. Quelles relations entretiennent-elles avec les États qui n’ont pas le monopole de l’intérêt général? Quelle forme de pouvoir et d’influence exercent ces fondations qui sont libres de financer les projets et les acteurs de leur choix, de se rétracter ou bien encore de réaffecter les fonds comme bon leur semble? Nous savons que la philanthropie dépend, certes, des donateurs, mais aussi de la place que leur laisse occuper le marché et les États qui encadrent, promeuvent, limitent ou encouragent leurs projets.
« Committed to fighting the greatest inequities »
Gates foundation
Les fondations, plus réactives et souples à contrario que les États, sont à l’abri des cycles électoraux qui stoppent ou ralentissent les actions. Elles financent, conseillent, accompagnent et coordonnent les ONG, les groupements d’entreprises qu’elles estiment le plus à même d’impulser des changements significatifs. Les méthodes managériales de ces organisations à but non lucratif évoluent, elles appliquent maintenant des mécanismes d’organisation et de stratégie empreints d’expertise, basés sur les résultats et jusqu’alors propres au monde de l’entreprise marchande.
« Building a better future for everyone »
Chan Zuckerberg initiative
L’idéal moral de l’altruisme qui s’incarne dans la philanthropie puis dans l’entreprise à but non lucratif s’est construit à la fin du XIXe siècle aux États-Unis avec la distinction des registres du privé et du public. Au fil du temps, on est ainsi passé de la charité et de la bienfaisance qui reposaient sur des fondements religieux traditionnels composés d’associations caritatives confessionnelles à une philanthropie d’inspiration libérale qui s’approprie l’altruisme au nom de la solidarité. Ceci étant, l’intérêt et l’altruisme peuvent, dans certains cas, se renforcer.
« The Open Society Foundations work to build vibrant and inclusive democracies whose governments are accountable to their people. »
Open Society Foundations – Georges Soros
Les principales religions reconnues insistent plus volontiers sur la valeur du don anonyme que les fondations d’entreprise qui l’utilisent comme publicité pour améliorer leur image de Marque, acquérir un vernis de respectabilité et pallier aux problèmes humains et environnementaux que leurs activités génèrent.
La philanthropie prodiguée par les entreprises ou les individus est encouragée par les États au moyen, par exemple, de la fiscalité et plus précisément de la réduction d’impôts. Elle pose la question des limites, de ce qui peut être donné ou non au travers du don, et ceci dans l’intérêt général afin que la philanthropie n’empiète pas sur les principes démocratiques.
The Giving Pledge is a promise by the world’s wealthiest individuals and families to dedicate the majority of their wealth to charitable causes.
On peut rappeler que les actions philanthropiques engagées par les entreprises proviennent des bénéfices issus d’un processus économique dont le fruit ne bénéficie pas forcément aux citoyens nationaux qui consomment les produits et services des Marques concernées. Les citoyens contribuent aussi indirectement à la philanthropie des Marques, par la perte de recettes fiscales que les déductions fiscales occasionnent. Accorder du pouvoir à un individu au nom de la fortune qu’il a accumulée et donc des dons qu’il peut réaliser questionne également l’égalité entre les citoyens et la représentation élective de tout à chacun.
« For every child, every right »
Unicef
On reproche le plus souvent aux fondations leur manque de transparence, à raison, vu la difficulté d’obtenir des informations sur leurs recettes et dépenses. En passant du statut d’association à but non lucratif à celui de société à responsabilité limitée (« a limited liability company »), le phénomène s’est accentué.
Mise en ligne : 24 janvier 2025