La colère est une émotion. Ni positive ni négative en soi, elle se présente comme un signe, un système d’alarme qui nous avertit que quelque chose nous dérange. Inhérente à l’individu, elle nous accompagne tout au long de notre vie.
La colère est une source d’énergie comme peut l’être la joie. Elle se trouve toujours une cause qui n’est pas toujours la cause réelle mais plutôt une conséquence.
La colère est virale, elle s’agrège, devient collective et monte en intensité pour devenir toute puissante. Elle a pour fin de trouver sa résolution, de supprimer ce qui la cause ou de la diriger vers un exutoire ou un dérivatif. Dans le cas où l’emprise de la colère continuerait de nous gouverner, elle risquerait bien de nous rendre l’existence pénible. Ceci dit, dans le temps long on apprend à vivre avec ses colères, à les gérer, en acceptant la réalité. Certains même vont jusqu’à jouer l’indifférence, avec le risque qu’elle remonte à un moment inattendu.
La colère figure en bonne place pour faire valoir ses indignations, ses exigences ou celles des autres (#meToo, l’égalité entre les hommes et les femmes). Elle exprime une légitimité à faire valoir ses droits qui n’ont pas été respectés, à défendre sa propre dignité. En d’autres termes, on s’indigne, on proteste, avec le sentiment d’être victime d’une injustice.
Parmi les médias qui permettent de répandre la colère, les réseaux sociaux sont les plus actifs pour la véhiculer, l’activer et agréger tous les invisibles que nous sommes. Les politiques ne sont pas de reste, ils s’en saisissent soit pour des raisons idéologiques, électorales ou politiques. Les démagogues et les populistes se l’approprient pour s’insurger et jouer la colère. Les Marques commerciales l’utilisent, elles, pour lancer de nouveaux produits et répondre à une demande de la clientèle dans le cadre de leurs stratégies de marketing.
Peut-on dès lors se permettre d’être en colère ou est-ce interdit? Colorée négativement, la colère, qu’elle soit légitime ou non, terrorise, en cela elle est un pouvoir, une puissance d’action. Il existe d’ailleurs une jouissance de la colère qui nous donne la capacité de coïncider avec nous-mêmes. Avec sa clarté morale tranchée, voire caricaturale, elle délimite l’espace qui sépare le nous du eux.
Publié le : 4 décembre 2025